Verdun
résume
la
lutte
d'usure
qui
caractérisa
la
Première
Guerre
mondiale
sur
le
front de l'Ouest, n'ayant que pour but de détruire les réserves françaises.
La
bataille
de
Verdun
fut
peut-être
la
plus
sanglante
et
la
plus
longue
de
la
Première Guerre mondiale.
Alors
que
la
guerre
de
tranchées
s'était
installée
à
la
fin
de
1914,
il
devint
plus
ou
moins difficile de remporter une victoire traditionnelle sur l'ennemi.
Auparavant,
la
victoire
était
décidée
par
la
défaite
d'une
armée
ou
l'occupation
de
régions clés ou de capitales.
C'était
devenu
impossible.
On
ne
voyait
pas
comment
percer
des
lignes
et
prendre
des
objectifs
stratégiques,
et
de
profondes
positions
défensives
empêchaient
totalement
de
chasser
l'ennemi
du
terrain.
Le
problème
dans
les
deux
cas
était
la
disponibilité
des
réserves,
en
même
temps
que
déplacer
celles-ci
vers
un
point
menacé,
avant
qu'une
attaque
couronnée
de
succès
puisse être exploitée par l'ennemi.
La
victoire,
dans
cette
guerre,
consistait
à
épuiser
l'ennemi,
à
porter
le
prix
à
payer
pour sa poursuite si haut que la paix deviendrait absolument nécessaire.
A
Verdun,
40
millions
d'obus
furent
tirés
pendant
le
conflit
pensé
par
le
général
allemand
Erich
von
Falkenhayn
comme
une
bataille
d'écrasement
pour
"saigner
à
blanc
l'armée française".
Après
une
modeste
offensive
à
Ypres
en
avril
1915,
les
Allemands
adoptèrent
une
position défensive sur le front ouest.
Cependant, en février 1916, ils résolurent de passer à l'offensive.
Falkenhayn,
chef
suprême
de
l'armée
allemande,
décida
de
frapper
un
grand
coup
contre
l'armée
française,
déjà
affaiblie
par
la
perte
d'environ
deux
millions
de
soldats depuis le début de la guerre.
Au
lieu
de
tenter
une
percée,
Falkenhayn
prévoyait
d'infliger
un
maximum
de
pertes
en
attaquant
une
partie
de
la
ligne
que
les
Français
se
sentiraient
obligés
de défendre à tout prix.
Les
Allemands
choisirent
le
saillant
entourant
la
forteresse
de
Verdun
comme
terrain d'abattage.
"Jamais
l'ennemi
ne
put
sécuriser
de
façon
permanente
;
jamais
il
ne
put
échapper
à
la pression allemande", Erich von Falkenhayn.
Verdun était un objectif idéal pour plusieurs raisons.
Située
dans
une
boucle
de
la
Meuse,
la
ville
disposait
de
peu
de
voies
de
communication.
Une seule route la traversait.
Les
problèmes
de
logistique
de
l'attaque
étaient
allégés
par
la
présence
d'une
importante
voie
ferrée
allemande
à
19
km
seulement
de
là,
permettant
de
transporter des munitions, des fournitures et des renforts au cours de l'attaque.
Le
secteur
de
Verdun
était
relativement
calme,
et
beaucoup
de
pièces
lourdes
armant
les
forts
avaient
été
transférées
en
d'autres
points,
où
leur
présence
paraissait plus nécessaire.
La garnison était de 3 divisions, représentant une faible défense.
Cher
au
cœur
des
Français,
il
permettait
également
aux
Allemands
d'amasser
un
maximum d'artillerie pour peser sur les défenseurs.
L'artillerie
serait
la
pierre
angulaire
du
plan
allemand
tandis
que
l'infanterie
s'emparerait
de
points
clés
afin
d'attirer
les
réserves
françaises
pour
en
faire
de
la chair à canon.
Le
21
février
1916,
l'air
froid
de
l'aube
était
déchiré
par
les
hurlements
des
gros
obus et le sifflement des armes antipersonnel.
Les
1200
canons
(dont
plus
de
la
moitié
de
lourd
calibre)
de
la
5ème
armée
allemande
entamèrent le bombardement le plus dévastateur de toute l'Histoire.
Plus
de
deux
millions
d'obus
tombèrent
sur
les
positions
avancées
françaises
dans
les
12 h qui suivirent.
Un
peu
plus
tard,
des
groupes
d'assaut
de
l'infanterie
allemande
pénétrèrent
dans
les tranchées françaises ravagées.
Les
deux
jours
suivants,
les
forces
allemandes
ne
réalisèrent
que
de
faibles
progrès,
mais
le
24
elles
percèrent
la
ligne
de
défense
principale,
faisant
10000
prisonniers et capturant 65 pièces d'artillerie.
Au
cours
des
jours
qui
suivirent,
les
Allemands
continuèrent
leur
progression
et
capturèrent le fort de
Douaumont (ouvrage clé de la défense) le 25 février 1916.
Ce
fut
une
sérieuse
atteinte
au
moral
des
Français,
surtout
lorsqu'il
s'avéra
que
sa garnison n'avait pas résisté jusqu'au bout.
L'infanterie
avait
cédé
sous
le
bombardement,
laissant
une
poignée
d'artilleurs
pour assurer la défense.
Une
patrouille
allemande
de
neuf
hommes
découvrit
une
entrée
non
gardée
du
fort
et y pénétra.
Elle
conduisit
à
l'intérieur
300
autres
soldats
et
prit
le
principal
ouvrage
de
la
défense de Verdun presque sans tirer un seul coup de feu.
Le
haut
commandement
français
avait
été
pris
par
surprise,
mais
le
même
jour,
le
général Pétain fut nommé à la tête de la 2ème armée française défendant Verdun.
Pétain était un excellent tacticien.
Il
avait
également
la
réputation
de
se
soucier
de
ses
hommes
et
se
mit
immédiatement
à
organiser
le
ravitaillement,
le
renfort
et
le
soutien
des
troupes
en difficulté.
La
seule
route,
"la
voie
sacrée",
menant
à
Verdun
était
soumise
à
un
feu
constant
d'artillerie,
mais
3000
camions
persévérèrent
quotidiennement
pour
ravitailler
les
hommes en munitions.
Tout au long de mars, avril et mai, la bataille fit rage sans diminuer d'intensité.
Falkenhayn
étendit
la
ligne
de
combat
et,
au
cours
d'avril
et
mai,
les
Allemands
livrèrent
d'âpres
combats
pour
s'emparer
des
collines
et
des
crêtes
sur
la
rive
est de la Meuse.
Une
grande
partie
des
combats
était
concentrée
autour
du
Mort-Homme,
qui
fit
tristement honneur à son nom.
Pour les troupes des deux camps, l'enfer de Verdun devint quasiment un mode de vie.
À
leur
grande
surprise,
les
Allemands
se
rendirent
compte
que
leurs
propres
soldats
se transformaient également en chair à canon.
Le
1
juillet
1916,
l'offensive
alliée
sur
la
Somme
força
les
Allemands
à
interrompre
leurs opérations à Verdun.
À
la
fin
du
mois,
les
Français
passèrent
à
l'offensive
et,
grâce
à
de
féroces
contre-
attaques, regagnèrent la majeure partie des territoires perdus en début d'année.
Pendant
que
l'armée
française,
fatiguée,
se
battait
bec
et
ongles
pour
défendre
Verdun,
l'instigateur
du
plan
allemand,
Falkenhayn,
fut
limogé
et
remplacé
par
l'équipe
des
généraux
Paul
Von
Hindenburg
et
Erich
Ludendorff,
fraîchement
victorieux de leurs combats sur le front Est.
Pertes : Français, environ 500 000 victimes - Allemands, environ 425 000 victimes