Cette définition porte une véritable philosophie de l'Histoire : " Chacun fait son temps, ceux qui reviennent, ceux qui s'en vont, on regarde le temps qu'il fait, on ne voit pas le temps passer. Chacun prend sa peine derrière la charrue, dans la même lignée. De la veille au matin, les mêmes amours de borderie depuis le Moyen-âge ". Les spectateurs sont conviés d'emblée à voir cette histoire cyclique, presque immobile, qui s'est clôturée au début du XXe siècle, et qui maintenant n'existe plus, puisque le cours de la vie "moderne" a dénaturé cette répétition. Le final insiste sur la fin des Maupillier. " Dernière veillée. Dernières paroles de famille ". tandis que s'évanouit un dernier : " Filet d'âmes, un filet de légendes " et que " De vieux outils hors d'usage, revenus des champs pour toujours, négligés sur le foin humide [...] reposent en paix ". Le seul espoir réside dans les enfants, qui retrouveront, peut-être, le sac de nouvelles du vieux marchand de quenouilles. La marche du temps doit être bien comprise. L'histoire n'est pas abolie. Même si ses changements se marquent apparemment par des signes infimes, comme, par exemple, les variations des noms attribués aux bœufs. Après 1793, ils s'appellent Mortagne, Cholet, en souvenir des grandes batailles de la guerre civile. Dans le cours du XIXe siècle, ils reçoivent "des noms de fantaisie", après 1914-1918, "on les appellera Verdun" comme le dit le texte du spectacle. Les vêtements des ruraux se modifient selon les périodes ainsi que leurs moyens de locomotion, puisqu'apparaissent les voitures à chevaux et une automobile. Surtout les principaux événements scandent la vie quotidienne et la modèlent brutalement parfois. Fête en l'honneur de François 1er, mission de Grignion de Montfort, guerre contre la Révolution, guerres de 1914-1918 et de 1939-1945. Cette présentation des choses doit être comprise comme une philosophie "naturelle" des choses, qui oppose le fond éternel des passions et des occupations humaines aux fracas provoqués par les ambitions des individus. La vie des Maupillier ne s'est pas déroulée dans un monde clos, imperméable à la vie nationale. Bien au contraire, la famille Maupillier a directement supporté le lot d'épreuves, qui a été commun aux Français et aux habitants de la région.