Sur
la
commune
des
Herbiers,
on
venait
jadis
invoquer
un
certain
saint
Rognou
pour
la
guérison
des
rognes,
c'est-à-dire
des
"maladies
de
la
peau",
notamment la teigne.
Mais qui est Saint Rognou ?
Qui se cache derrière ce personnage sacré portant un nom de substitution ?
Guillaume
de
Parthenay,
dont
la
descendance
allait
semer
la
Réforme
en
Poitou,
se
doutait-il
qu'un
jour la piété populaire le hisserait sur les autels ?
Le
gisant
qu'on
peut
voir
en
effet
sous
le
cloitre
de
l'abbaye
de
la
Grainetière,
est
bien
celui
de
sire
Guillaume,
voisin
du
monastère
et
qui,
par
ses
générosités
fut
autorisé,
ainsi
que
son
fils
mort
jeune, a venir reposer à l'ombre de l'abbatiale.
Découvert
en
1815
lors
d’un
soir
de
labour,
un
fermier
du
lieu
mit
à
jour
la
lourde
pierre
sculptée,
il
ne
douta
pas
un
instant
qu'il
s'agissait de la statue d'un grand saint.
Comme
le
relief
en
était
rongé,
il
la
baptisa
"St
Rognou"
signifiant
"saint
Rogneux",
"saint
Rongé".
Et
aussi
l’implora-t-il,
d'abord
pour
sa
femme
qui
était
en
mal
d'enfant,
puis
pour
lui
qui
souffrait d'une "tumeur mauvaise" au genou gauche.
L'enfant
venu
heureusement
au
monde,
et
sa
jambe
redressée
firent
grand
bruit
dans
l'entourage, et "dit-on" les miracles s'y multiplièrent.
Ce tombeau fut bientôt l'objet de légendes et le site de pèlerinage et de miracles.
Sa popularité attirait des pèlerins venus de toute la Vendée.
En 1842, A. de La Villegille décrivait le rituel dont il parle déjà au passé :
"On grattait le nez de cette statue, et on faisait avaler cette poussière aux enfants que l'on voulait guérir de la teigne.
Les parents y amenaient leurs enfants et, au début de ce siècle nombre de petits souliers étaient déposés en ex-voto sur le gisant.
Depuis
la
destruction
de
l'abbaye,
la
précieuse
tête
a
été
déposée
au
pied
d'une
croix
situé
dans
une
commune
voisine,
et
placée
dans
une
niche
dont
une
grille
de fer fermait l'entrée.
La
ferveur
des
dévots
a
bientôt
rompu
cet
obstacle,
et
à
défaut
du
nez
qui,
ayant
entièrement
disparu, a été remplacé par un morceau de fer, on racle maintenant les autres parties de la tête.
Au
point
que
les
curés
d'Ardelay
et
de
Vendrennes
durent
se
plaindre
près
de
leur
évêque
de
cette
concurrence plus ou moins fondée, et pour en interdire les processions.
De
nos
jours,
on
peur
encore
voir
le
gisant
dans
le
cloître
de
l'abbaye
de
la
Grainetière,
mais
St
Rognou ne fait plus de miracles.
Peut-être ne savons-nous plus l'invoquer ?
Et c’est ainsi que la statue fut surnommée et que la guérison des rognes lui fut attribué.