Si la veuze a pour lointain ancêtre une cornemuse du Moyen-âge, on ne sait rien des processus de son évolution jusqu'au XVIIIe siècle. La veuze a gardé les caractéristiques extérieures du type de cornemuse le plus courant au XVe siècle en Europe occidentale et est donc un des derniers représentants d'un type archaïque de cornemuse très répandu à cette époque. Les descriptions des coutumes locales se font de plus en plus nombreuses au tournant des XVIIIe et XIXe siècles confirmant l'intégration profonde des "veuzous" dans la société traditionnelle d'alors. Ils sont présents dans toutes les fêtes populaires : plantation de l'arbre de Mai, fêtes de Noël, foires annuelles, mariages, bidoche (carnaval), etc. Les "veuzous" ont joué un rôle en Pays de Retz pendant les Guerres de Vendée. Ils ont trouvé naturellement leur place parmi le peuple insurgé, et on les signale dès les débuts de l'insurrection aux tout premiers rangs des "Blancs" qu'ils entraînent à la bataille au son des veuzes, tels les joueurs de "bagpipes" écossais. Les républicains n'aiment pas entendre cette "veuze", comme l'écrit Huet de Coëtlizan (1769-1823) : "Marchait-on à la rencontre d'un corps nombreux, dans l'instant on était enveloppé ; le bruit des cornemuses annonçait la présence de l'ennemi, qui se dérobait à la vue, et soudain on était assailli par des milliers de furieux jouant d'effroyables airs à la manière des sauvages." Lucas de La Championnière (1769-1828), major de la division de Retz, raconte dans ses Mémoires (1799) que le 10 juin 1793, au combat de Machecoul, "l'on partit de Legé au son des veuzes et des chansons". A la fin de la guerre, les "veuzous" sont toujours présents aux côtés des Blancs. Dans la partie occidentale du Pays de Retz, la garnison de Paimbœuf et les colonnes du général de Grigny (1766-1806) exercent une étroite surveillance. Malgré le danger, "des rassemblements nocturnes ont lieu dans la commune de Frossay, des domestiques s'absentent la nuit avec des armes. On entend retentir la veuze à différentes heures de la nuit". L'apogée de la veuze est atteinte fin XIXe, début XXe siècles. Dans le Marais breton vendéen, les veuzous sont traités comme des personnalités, certains comme des "stars". On commence à perdre sa trace après la guerre 14-18. La veuze est peu à peu supplantée par l'accordéon et le violon. Dans les noces et les fêtes locales, il faut paraître moderne, donc rejeter le veuzou qui représente la culture des vieux... Avoir un veuzou dans sa famille devient même un handicap ! Quand Jean-Marie Rouaud disparaît en 1948 à Escoublac, plus aucun veuzou ne sonne depuis près de vingt ans et personne ne prendra le relais d'une aussi vieille tradition. Ce sont les recherches, dans les années 1970, de l'association Sonneurs de Veuze de Nantes et de passionnés (comme Thierry Bertrand de La Garnache, et d'autres) qui vont la sauver de l'oubli total pour qu'elle puisse reprendre sa place dans le Patrimoine historique, culturel et traditionnel de l'Ouest de la France.