HUE Jean-François. Né à Saint-Arnould en Yvelines en 1751, mort à Paris en 1823. Elève de Crépin et de Vernet. 1782 : entre à l'Académie. 1785 : voyage en Italie. 1789 : Louis XVI lui confie la peinture d'une série des ports de France. La toile date de 1800 est d'une hauteur de 1,62m et une largeur 2,58m. La scène représentée se déroule de nuit, alors que la lune dispense une faible clarté. Dans un port, un quartier est la proie des flammes. Au centre de la composition, une foule s'engage sur un pont et cherche à quitter la ville, malgré la présence d'un cavalier et d'un soldat qui tentent de l'en empêcher sous la menace de leurs armes. L'œuvre évoque l'un des derniers épisodes de la virée de Galerne, à savoir l'attaque de Granville par les Vendéens le 14 novembre 1793. Malgré la désapprobation de Charette, une partie de l'armée catholique et royale avait décidé de marcher vers les côtes de la Manche afin de rallier les Chouans et les émigrés venus d'Angleterre. L'attaque de Granville se solda par un échec pour les Vendéens et les habitants n'hésitèrent pas à incendier les maisons de la rue aux Juifs pour freiner la progression des attaquants. Les Vendéens sont donc contraints de refluer vers le pont du Boscq, derrière leur drapeau blanc. Ils font face aux deux hommes qui les menacent à l'extrémité du pont. Au tout premier plan, un homme dépouille le cadavre d'un de ses compagnons pour le voler. Au second plan, les toits des maisons s'embrasent et l'incendie éclaire toute la partie centrale de la scène. A l'arrière-plan, des chaloupes canonnières venues de Saint-Malo tirent en direction du pont. J.-F. Hue reçoit de Louis XVI la commande d'une série des ports de France à la mort de Vernet en 1789. Ce n'est qu'en 1799 qu'il se décide à peindre le siège de Granville après que la Convention lui ait demandé par décret de fixer ce "beau fait d'armes". L'œuvre ne pouvait que satisfaire le pouvoir en place tant elle sert la cause républicaine. Dans cette perspective, l'image de l'homme dépouillant son camarade prend tout son sens et a pour rôle de déprécier les Vendéens aux yeux de l'opinion. Lors de la présentation de l'œuvre au Salon de 1800, le regard des critiques porta davantage sur des critères esthétiques que sur des considérations idéologiques. L'accueil réservé à cette toile fut très partagé. Si l'artiste confirma ses talents de peintre de marine, il fut néanmoins critiqué pour avoir représenté un incendie "qui n'offre guère qu'un mélange fatiguant de tons noirs et rougeâtres". L'Etat fit exécuter une réplique fidèle de ce tableau qui fut déposée l'année suivante dans la salle du conseil municipal de Granville.