L'histoire des Guerres de Vendée dans l'art officiel du XIXème siècle est étroitement liée à celle des différents régimes politiques qui se sont succédés. Les événements ont marqué la région d'une empreinte aussi profonde que durable. Il n'est pas de pouvoir politique qui ne se soit efforcé de défendre la cause de l'une ou l'autre des forces en présence. Peu de temps après la fin de la guerre, on assiste ainsi à une véritable "héroïsation" de la République. Par le biais de l'imagerie, la jeune République cherche à mettre en avant des héros populaires qui se sont distingués durant les guerres de Vendée du côté des Bleus. Tout comme les sculpteurs, les peintres officiels sont sollicités pour fixer dans l'éternité les traits des héros du jour. La bravoure est le prétexte à toutes les mises en scène nationales (gravures, poèmes, chanson...). Se trouvent rassemblés d'humbles personnages tous plus braves les uns que les autres, serviteurs de la propagande révolutionnaire, comme le jeune Darruder, le grenadier de Bressuire, l'héroïne de Milhier, le maréchal-ferrant de la Vendée et qui curieusement, n'ont pas laissé de traces dans l'histoire locale. Sous la Restauration, la situation évolue notablement. En effet, dans un dessein permanent de réconciliation nationale et d'apaisement, Louis XVIII doit satisfaire à la fois ceux qui l'accusent de vouloir oublier les sacrifices consentis par ses fidèles pour son retour sur le trône de France et les libéraux qui, tout en étant attachés à la cause royale, souhaitent une France nouvelle. Aussi le Roi passe-t-il commande en 1816 des portraits des généraux vendéens, destinés à être placés dans la salle des Gardes du château de Saint-Cloud. Les premiers tableaux réalisés furent présentés au Salon de 1817. Les familles agirent auprès de Louis XVIII pour recevoir du Roi des répliques réalisées par les peintres officiels. Ces peintures officielles furent la cible de nombreuses critiques nuancées et contradictoires. Les uns ne reconnaissaient pas les chefs qu'ils avaient connus, les autres stigmatisaient les attitudes choisies. Les familles mises à contribution pour donner aux peintres des éléments d'authenticité furent dans l'ensemble satisfaites. Le régime de Louis-Philippe adopte une nouvelle attitude à l'égard du souvenir des Guerres de Vendée. De 1830 à 1848, le régime met toute son énergie à combattre ce qui pourrait rappeler la guerre et par conséquent raviver les troubles. Toutes les formes d'expression artistique sont touchées par cette hostilité du pouvoir, qui simultanément s'engage dans une politique de réhabilitation républicaine. L'architecture et la sculpture sont certes concernées, puisque la Monarchie de Juillet arrête les travaux de construction de la chapelle des Alouettes, fait démolir la statue de Charrette à Legé, et interrompt le projet de construction du monument des Quatre-Chemins-de-l'Oie. La peinture officielle n'échappe évidemment pas à la règle. Ainsi le tableau de Thomas Degeorge évoquant la mort de Bonchamps commandé en 1828, est refusé par le jury du Salon en 1837. L'Etat s'efforcera de proposer un compromis en achetant l'œuvre pour en faire don à la ville de Clermont-Ferrand. De la même façon, lors de la constitution des "Galeries Historiques de Versailles", les portraits des chefs vendéens sont répertoriés puis rejetés. L'absence de certains souvenirs militaires est ainsi justifiée : "S'il en est quelques uns que l'on s'étonne de ne pas y trouver, c'est que la pensée qui a présidé à ce travail n'a pas voulu perpétuer la triste mémoire de nos discordes civiles" (Introduction du catalogue des Galeries Historiques). Dans la seconde moitié du XIXème siècle, le souvenir des Guerres de Vendée est toujours bien présent. Mais de plus en plus, les critères religieux l'emportent sur les mobiles politiques. L'époque est particulièrement faste pour le mouvement catholique. Avec l'exaltation des martyrs et le début des procès de béatification, le culte des reliques concourt largement à conduire le souvenir de la défense de la foi. Les campagnes se couvrent de vastes églises plus adaptées à recevoir la foule des pèlerinages et des missions. La peinture officielle n'échappe pas à son époque.