SORIEUL (Jean) Né à Rouen en 1823, mort à Rouen en 1871. Peintre de batailles. Expose aux Salons de 1848, 1850 et 1852. Huile sur toile, 1852 est d'une hauteur de 1,71m et une largeur 2,94m Tout le premier plan est occupé par une scène de combat qui se déroule dans le quartier médiéval d'une ville. Dans ce chaos, on distingue plusieurs protagonistes : des soldats républicains, des civils qui tentent d'échapper à ce carnage, alors que d'autres au contraire en sont les principaux acteurs (à droite, une femme tient un couteau à la main). Au centre, une jeune fille agenouillée semble demander grâce à un cavalier. Ce tableau fait directement référence à la bataille du Mans (12 et 13 décembre 1793) par ailleurs évoquée dans les "Mémoires" de la marquise de La Rochejaquelein. En effet, les Vendéens, talonnés par les Républicains, pensèrent pouvoir trouver refuge au Mans. Rapidement rejoints par l'ennemi, ils durent en outre subir l'hostilité de la population civile locale qui, par pure crainte ou par haine du sentiment royaliste, se montra sans pitié à leur égard. Lors de son envoi au Salon de 1852, cette œuvre fut accompagnée du texte d'explication suivant : "Kléber et Marceau s'étant emparés du Mans après un combat de vingt-quatre heures contre les bandes vendéennes, ce dernier secondé par les grenadiers d'Armagnac et d'Aunis, protège les habitants contre les sans-culottes et les tricoteuses de la ville, entraînés au carnage par le maire. Marceau protège Mlle de Melliers, et Vidal, lieutenant colonel de Hussards, sauve M. d'Autichamps en lui donnant son uniforme". Ce funeste épisode constitue une excellente page de propagande car il met en valeur les qualités "humaines" de quelques Républicains. Parmi eux, le jeune général Marceau sauve la vie à un certain nombre de Vendéens sur le point d'être massacrés, dont la jeune fille située au centre. De la même façon, Vidal, à droite, vêtu de rouge, cède ses vêtements à d'Autichamps. Dans ce cas précis, il semble bien que J. Sorieul se soit inspiré de plusieurs sources littéraires dont les "Mémoires" de la Marquise de La Rochejaquelein, pour évoquer ce détail. En revanche, la représentation des halles, au fond de la scène, révèle un anachronisme. En effet, en 1793, les halles du XVIème siècle étaient déjà détruites.