BENOIT-LEVY (Jules) Né à Paris en 1866. Elève des Arts Décoratifs de Boulanger, Doucet et de Jules Lefebvre à l'Ecole des Beaux-arts. Spécialisé dans les sujets militaires. Expose aux Salons de 1894, 1897, 1900. Plusieurs fois récompensé. Huile sur toile, 1895 est d'une hauteur de 2,18m et une largeur 3,05m. La signature et la date placées à gauche n'étant plus visibles lors de l'encadrement, elles ont été ultérieurement portées en bas à droite. La toile représente l'intérieur d'une église, dans laquelle se déroule une scène sans le moindre rapport avec le caractère de l'édifice. Un homme vêtu en paysan, presque vu de dos, fait face à quatre hommes en costume républicain rassemblés autour d'une table. Par sa position derrière le bureau, son chapeau et surtout son attitude hiératique, le personnage central contraste étonnamment avec l'homme auquel il s'adresse. Ce dernier, bras croisés et dont le chapeau gît à terre, adopte une attitude empreinte de noblesse. La scène se déroule sous la surveillance de deux gardes républicains, tandis qu'au fond de la nef, un autre paysan assis semble attendre. Le sujet traité fait référence à un événement précis, l'interrogatoire du prince de Talmont à Rennes le 2 janvier 1794. J. Benoît-Lévy s'est manifestement attaché à restituer l'authenticité de la scène, dans ses détails et dans l'atmosphère générale. En effet, lors de son exposition au Salon de 1895, cette oeuvre était accompagnée d'une légende : Lorsqu'il fut en présence du Gai Beaufort à la 1ère interrogation, après avoir jeté à terre son chapeau de paysan, il répondit avec fierté : "Oui, je suis le prince de Talmont, 68 combats avec les républicains ne m'ont jamais inspiré la moindre frayeur". Bien que le costume du prince soit davantage inspiré par la Bretagne que par la Vendée, il reflète la vérité historique. C'est en effet dans cette tenue vestimentaire que le prince de Talmont fut arrêté par les Républicains. Il aurait pu passer pour un modeste paysan s'il n'avait été reconnu par une fille d'auberge. Quant au personnage assis au fond de l'église, il s'agit probablement de l'un des deux compagnons du prince de Talmont cités dans le procès- verbal de l'interrogatoire, Richer de Caen et son domestique Madelin.