Qu'elle
était
douce
la
mélodie
du
rossignol
que
j'entendais
parfois
du
potager
avant
les
premières lueurs du jour !
Le chant du coq, peu après, venait mettre en émoi toute la maisonnée.
Mon grand-père, déjà levé, m'appelait toujours le premier et éveillait ensuite les domestiques.
Ma
mère
debout
en
même
temps
se
fâchait
souvent
pour
faire
sortir
du
lit
mes
sœurs
et
mes
cousines alourdies de sommeil.
Chez nous, quatre générations vivaient sous le même toit !
Une journée allait recommencer et il y aurait du travail pour tout le monde.
Habillés
en
hâte,
trainant
leurs
sabots,
les
hommes
se
rendaient
à
l'étable
pendant
que
les
femmes allumaient le feu et préparaient le déjeuner.
Il fallait sortir le fumier, mettre la nouvelle litière et conduire les vaches aux champs.
Après
le
"pansage",
chaque
matin,
j'aidais
à
porter
les
seaux
de
lait
dans
la
laiterie,
près
de
la
souillarde (Petite pièce où étaient faits les gros travaux de cuisine).
Elle était lavée à grande eau et je la trouvais toujours d'une grande propreté.
Dans les "ponnes" de terre cuite on faisait "lever" la crème.
En
été,
les
femmes
pour
terminer
ce
travail
ce
travail,
devaient
se
rendre
près
de
la
fontaine
pour trouver un peu plus de fraîcheur.
Que d'heures passées chaque semaine à la longue préparation du beurre.
Le beurre obtenu prenait forme dans des moules de bois sculptés.
Aux
foires
et
aux
marchés,
il
était
vendu
en
mottes
décorées
de
dessins
faits
avec
une
fourchette.
Autrefois
dans
beaucoup
de
fermes,
sur
la
toiture
du
fournil,
on
conservait
dans
les
tuiles
la
"joubarbe des toits" (appelée aussi artichaut de Jérusalem).
Cette
plante
aurait
été
rapportée
des
croisades
et
avait,
dit-on,
la
propriété
de
protéger
de
la
foudre.
Et
c'est
au
bout
de
la
maison
que
se
trouvait
le
fournil
qui
servait
tous
les
jours
à
faire
la
"chaudronnée" aux cochons.
Dans
un
coin
de
la
chaudière
entourée
de
cendres,
un
moulin
à
tamiser
le
blé,
une
sorte
d'échelle (le tenailler) sur laquelle on stockait les pains debout pour les faire sécher.
Au
milieu
de
la
pièce,
un
fagot
de
"fournilles"
(branchage)
éventré
était
abandonné
négligemment.
On
apercevait
encore
la
maie
(meuble
rustique
utilisé
pour
la
conservation
de
la
farine)
dans
laquelle ma tante pétrissait la pâte.
Je venais tout les quinze jours chauffer le four pour la cuisson du pain.
A
la
fin
de
l'été,
quand
les
fruits
étaient
mûrs,
on
en
profitait
pour
faire
cuire
des
poires
et
de
nombreuses tartes.
Sous un énorme noyer, le cellier avait souvent la visite des hommes, leur tâche accomplie.
Entre
deux
rangées
de
barriques
bien
alignées
sur
d'épaisses
poutres,
ils
se
racontaient
des
histoires.
Je venais de temps en temps mettre un peu d'ordre et surveiller les barriques.
Les
"basses"
et
les
"baillottes"
étaient
dressés
les
unes
sur
les
autres,
un
pot
à
tirer
le
vin
demeurait
en
permanence
sur
les
barriques
et
au
plafond
étaient
suspendus
de
petits
pots
taillés par le sabotier dans du bois de hêtre ou de buis.
Quand
au
pressoir
il
résidait
habituellement
dans
un
coin
de
la
grange
attendant
le
moment
des vendanges.
Chaque année, en effet, le cellier retrouvait une activité débordante en automne.
Il
y
régnait,
pendant
plusieurs
jours,
une
atmosphère
très
particulière
où
se
mêlaient
la
gaieté
des allées et venues répétées, le cliquetis du pressoir, l'odeur des raisins pressés…
Dans tous ces endroits de la ferme on remarquait une vive agitation…
Seule la volaille en liberté dans la cour donnait une note de calme et de tranquillité.
Chaque saison amenait les durs et pénibles travaux….
Chaque jour, pas un instant de répit…
Chaque heure avait sa peine…
Mais
toujours,
j'ai
voulu
préserver
ce
que
j'aimais
tant…."la
terre,
l'amour,
la
moisson,
la
danse, la paix."
Jacques Maupillier (Garde)