De 1850 à 1913, 90 œuvres évoquant les Guerres de Vendée sont envoyées dans les salons parisiens. Cela représente une moyenne annuelle variant entre quatre et neuf toiles (avec toutefois une augmentation dans les années 1880 à 1883). Pour certains artistes, la guerre de 1793 ne constitue pas seulement un thème occasionnel mais devient une spécialité à part entière. Le sujet s'intègre dans un domaine particulièrement apprécié qui représente alors le sommet de l'art pictural : la peinture d'histoire. Ces œuvres sont à replacer dans une histoire générale du goût. C'est dans un premier temps celui des scènes de batailles, prétextes à la peinture d'uniformes variés. Comme par le passé, la peinture d'histoire demeure un moyen de propagande au service des régimes politiques. L'Etat est un mécène qui encourage une production artistique à la République. Cette volonté est particulièrement manifeste après la nomination d'Edmond Turquet aux fonctions de sous-secrétaire d'Etat aux Beaux-arts pendant près de quatre ans, entre 1879 et 1887. Certains artistes sont sensibles au chant des sirènes et vont traiter le sujet sous un jour favorable à la cause républicaine. Par exemple, "La bataille du Mans" de Jean Sorieul (1852) met-elle en scène la profonde humanité d'un jeune général républicain. Inversement, d'autres artistes s'emploient à défendre la cause royaliste, soit que celle-ci réponde à leurs propres convictions, soit qu'ils reçoivent des commandes privées émanant de légitimistes. Pourtant, des peintres évoquent les Guerres de Vendée sans pour cela se livrer à quelque acte de militantisme politique. Les critiques formulées lors des Salons parisiens mettent en évidence la popularité de ces thèmes, mais également leurs limites. La peinture officielle du XIXème siècle commet une confusion en mettant en place une image nouvelle. Le mythe du vendéen-chouan breton. Il n'est pas rare en effet de voir dans des scènes des Guerres de Vendée des personnages directement empruntés au répertoire iconographique breton, finistérien ou morbihannais. Ils sont alors généralement revêtus d'une culotte bouffante resserrée aux genoux, d'un gilet brodé et d'un large chapeau. Les paysages eux-mêmes semblent parfois davantage inspirés par la lande bretonne que par la Vendée. Par ailleurs, la littérature populaire a également contribué à diffuser cette image du "Vendéen-Chouan", qui fait l'amalgame de deux réalités historiques différentes. Parallèlement aux scènes de bataille, les peintres officiels évoquent très fréquemment le thème de la défense de la foi, notamment à travers la représentation de messes célébrées clandestinement. Il est vrai que le sujet prend toute son acuité dans le contexte tourmenté de la IIIème République. La religion faisant l'objet de menaces incessantes, il n'est pas inutile de faire appel aux réminiscences d'un passé encore proche dans les mémoires et de remettre sous les yeux de chacun les qualités de ses ancêtres très chrétiens...