I l y a environ 5000 ans, les Chinois entreprirent de cultiver la rose qui devint rapidement un remède incontournable de la pharmacopée asiatique. Son essence était appréciée des coquettes et les gourmands recherchaient son fruit, le cynorrhodon, qui apparaît en automne. 3000 ans avant notre ère, les peuples de Mésopotamie, d'Egypte, de Perse et de Grèce s'adonnèrent à la culture de cette fleur qu'ils appréciaient plus que toute autre. Ils élaborèrent une technique de forçage ingénieuse. Des tuyaux de terre cuite dans lesquels coulait de l'eau chaude réchauffaient la terre et permettaient d'avancer ou de prolonger la production des végétaux. Dans l'Antiquité, les roses étaient utilisées dans les cérémonies nuptiales et funéraires. Leur parfum était un attribut indispensable de la séduction. Selon la mythologie antique, la rose sauvage serait née du sang d'Adonis mortellement blessé et de celui de son amante, Aphrodite, qui, en se hâtant pour venir à son secours, se serait écorchée à un buisson de ronces. Une autre légende rapporte qu'elle aurait été créée par Chloris, déesse des fleurs, avec le corps d'une nymphe inanimée. Les croisades permirent l'expansion de la culture des rosiers. Thibaut IV de Champagne rapporta de Terre Sainte vers 1250 (VIIème croisade), un rosier hybride spontané dont la fleur pourpre violacé devint la célèbre rose de Provins, ou rose des apothicaires (Rosa gallica officinalis) pouvant guérir, dit-on, 33 affections. Hildegarde de Bingen préconisait l'utilisation de la rose pour apaiser la colère. "Prendre de la rose et à peine moins de sauge, réduire en poudre et au moment où la colère jaillit en soi, présenter cette poudre devant la narine. En effet, la sauge apaise et la rose réjouit " (Livre de médecine composée). On mêlait au Moyen Âge une décoction de pétales de rose à du vin ou à de l'huile d'olive pour fabriquer du vin de rose ou de l'huile de rosat. Au XIIIème siècle, Guillaume de Lorris composa son fameux Roman de la Rose, un ouvrage allégorique dans lequel la rose fait l'objet d'une quête métaphysique et incarne l'amour parfait. A partir du XVIIIème siècle, les rosiers de Chine et du Bengale furent introduits en Europe et offrirent leur caractère remontant aux rosiers européens avec lesquels ils furent croisés. Au XIXème siècle, l'impératrice Joséphine joua un rôle considérable dans la création de nouvelles variétés de rosiers en France. Elle en planta 250 dans son jardin de la Malmaison et demanda au peintre du cabinet de Marie-Antoinette, Pierre-Joseph Redouté (1759-1840), de réaliser le portrait de 180 roses exceptionnelles. De nos jours, les roses font l'objet d'âpres batailles économiques. Les rosiéristes améliorent constamment les qualités naturelles des plantes pour des collectionneurs de plus en plus nombreux à travers le monde.