Comme sa voisine la Bretagne, de tous temps, la Vendée a été le pays des légendes.
Pays religieux, ses habitants ont cru à la survivance.
Aussi, il n'était pas une paroisse qui ne foisonnait d'histoires de revenants.
Les morts restaient en communion étroite avec les vivants et se manifestaient de cent façons.
Est-ce
par
suite
de
troubles
religieux
portés
en
Vendée
que
les
esprits
malins
ont
pris
l'habitude
de
s'y
donner rendez-vous ?
Est-ce
parce
qu'après
les
tueries
de
la
Révolution,
trop
d'âmes
en
peine
erraient
dans
la
plaine
le
marais ou le bocage ?
Toujours
est-il
que
chaque
hiver
qui
réunissait
la
famille
autour
du
foyer
ramenait
des
récits
que
les
enfants écoutaient avec un intérêt grandi par la peur.
L'étrange histoire qui va suivre nous conduit dans une ville sainte de Vendée : Chavagnes-en-Paillers.
En
quittant
la
route
nationale
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pour
se
diriger
vers
Chavagnes,
l'œil
est
frappé
par
l'aspect
particulier de l'agglomération qui groupe plusieurs clochers autour de l'église paroissiale.
Cette
petite
capitale
religieuse
est
née
après
la
Révolution
de
la
volonté
du
curé
du
lieu,
fondateur
de
séminaire et de deux congrégations religieuses.
Au début du siècle dernier s'est déroulée cette curieuse affaire.
Mais aujourd'hui, seuls quelques anciens se souviennent encore ...
C'était
un
matin
de
Toussaint,
Mme
Unetelle
qui
habitait
à
petite
distance
de
l'église
devait
se
rendre
à Montaigu pour une affaire urgente.
Au 1er novembre, le jour se fait déjà paresseux.
Il fallait donc se mettre en route bien avant l'aurore.
Aussi
notre
brave
dame
avait
recommandé
à
sa
servante
de
l'éveiller
de
grand
matin
pour
pouvoir
assister à la première messe avant de partir...
En hâte, elle se lève et se dirige rapidement vers l'église où elle s'installe sur son banc habituel.
Chose curieuse à cette heure matinale l'église est pleine.
L'assistance quoique nombreuse est silencieuse.
Mme Unetelle n'y prête qu'une médiocre attention.
Très pieuse, elle s'absorbe dans ses prières...
Le prêtre monte à l'autel et, vêtu d'ornements noirs, commence la messe des Morts.
A l'offrande, la paroissienne s'agenouille à la Sainte Table.
Levant les yeux, elle ne reconnaît pas le prêtre et pourtant son visage ne lui est pas inconnu.
Dans sa hâte pour venir à l'église, Mme Unetelle a oublié sa bourse.
Aussi,
retire-t-elle
son
anneau
de
mariage
et
le
dépose-t-elle
sur
un
plateau
tenu
par
un
enfant
de
chœur.
A son retour, elle reprendra son anneau en échange d'une riche aumône.
Après cette messe de Requiem, elle sort de l'église.
Sur la place, pas une âme.
Une peur intense étreint le cœur de la pauvre femme.
Soudain elle se souvient.
Le prêtre qui officiait tout à l'heure n'était-il pas l'ancien curé mort depuis des années ?
Et
sur
les
visages
inconnus
des
assistants
qui
l'entouraient
se
posent
des
noms
inscrits
depuis
longtemps sur les dalles et les croix du cimetière.
A cet instant l'horloge de l'église donne lentement deux coups : deux heures !...
Affolée la paroissienne rentre chez elle.
De voyage il n'en est plus question.
Quelques heures plus tard elle mettait son curé au courant des événements de la nuit.
Incrédule le prêtre pensa à un cauchemar.
- Mais Monsieur le curé, je n'ai plus mon alliance !
- Vous l'aurez retiré en dormant.
- Non non, je suis sûre de l'avoir donné à l'offrande, je l'entends encore tinter sur le plateau de cuivre !
- Eh bien, allons voir à l'église répliqua le prêtre.
Dans l'édifice, rien de changé.
On pénètre alors dans la sacristie, chaque objet est à sa place habituelle.
Les ornements noirs rangés dans un placard bien fermé, les burettes, rien ne semble avoir été touché.
"Vous voyez bien ce que je ... "
Le curé n'achève pas sa phrase.
Sur
une
tablette,
il
vient
d'apercevoir
en
même
temps
que
la
paroissienne,
le
plateau
de
cuivre
des
quêtes et sur le plateau, l'anneau d'or. ..