Les
bouleversements
révolutionnaires
qui
commencent
en
1789
amènent
en
ce
Bas-
Poitou
qui
va
devenir
la
Vendée,
comme
ailleurs,
des
espoirs,
des
déceptions
et
des
conflits.
Les
heurts
entre
les
différents
acquéreurs
de
bien
nationaux
dans
les
villes
et
dans
les
campagnes
et
autour
de
la
constitution
civile
du
Clergé,
mais
surtout
la
mort
du
roi,
la
déportation
des
prêtres
légitimes
puis
l'annonce
de
la
levée
des
300.000
hommes
en
février et mars 1793 pour défendre la patrie en danger, déclenchent l'insurrection.
Ces
événements,
considérés
comme
la
plus
Grande
Guerre
civile
des
temps
modernes,
se
déroulèrent
en
ce
pays
d'ouest
qui
s'appelle
désormais
dans
l'Histoire
:
la
Vendée
Militaire.
A Beaupreau, la garde nationale tire sur la foule des réfractaires.
A
Saint-Fulgent,
à
Machecoul,
Brains,
la
Verrie
et
à
Saint-
Florent-le-Vieil,
les
jeunes
gens refusent le tirage au sort qui doit les conduire aux frontières.
C'est
de
Saint-Florent-le-Vieil
qu'une
bande
d'insurgés
conduite
par
le
voiturier
du
Pin-en-Mauges : Cathelineau, s'élance et prend Jallais, Chemillé, Cholet.
Partout,
les
paroisses
se
mobilisent
ameutées
par
le
tocsin,
des
troupes
se
forment,
à
Maulévrier,
à
la
Gaubretière,
à
Vue,
à
Chanzeaux,
à
Challans,
à
l'Oie,
et
se
donnent des chefs : le garde-chasse STOFFLET, SAPINAUD, BONCHAMPS, d'ELBEE et l'officier de marine Charette.
Nous sommes le 16 mars 1793, les Mauges, le bocage, le marais breton, une partie de la Loire Inférieure sont sous les armes.
La Convention n'a pas encore réagi.
Il
faudra
la
défaite
des
troupes
commandées
par
le
Général
de
Marcé,
entre
l'Oie
et
Saint-Vincent-Sterlanges
pour
que
les
Conventionnels
comprennent
qu'une
véritable guerre est commencée sur la rive gauche de la Loire.
A partir de ce jour, elle s'appellera "la Guerre de Vendée".
La Convention décide de dépêcher les renforts dans les villes d'Angers, de Nantes et des Sables d'Olonne, qui n'ont pas pris part au soulèvement.
Mais,
les
brigands,
comme
les
désignent
les
bulletins
officiels,
enhardis
par
leurs
premiers
succès,
volent
de
victoire
en
victoire,
en
particulier
dans
les
Mauges,
à
Chemillé,
à
Vihiers,
à Coron.
C'est
le
moment
où
les
paysans
des
Aubiers
et
des
Echaubrognes
nomment
à
leur
tête
Henri de La Rochejacquelein.
Dans le marais, la situation est plus indécise.
A Challans, à la Garnache, à Sallertaine.
La République organise alors trois années pour lutter contre l'ennemi intérieur.
Plusieurs dizaines de milliers d'hommes pour mater la Vendée.
Sur
le
terrain
cependant,
les
insurgés
sont
toujours
victorieux
:
ils
prennent
Bressuire,
puis le 5 mai 1793, la citadelle de Thouars que défend le Général Quetineau.
Parthenay est occupée le 13 mai ainsi que la Châtaigneraie.
La
bataille
pour
Fontenay
capitale
du
Bas-Poitou,
réussit
lors
de
la
deuxième
attaque
le
25
mai et ouvre aux insurgés la porte des Deux-Sèvres et de la Charente.
Dans
le
nord
du
pays,
Saumur
tombe
à
son
tour
sous
les
coups
de
30.000
Vendéens
malgré la vaillance des officiers républicains qui défendent la ville : Berthier, futur Maréchal d'Empire et un jeune Lieutenant Marceau.
Pour couronner cette victoire, on apprend qu'après des revers à Legé et à Noirmoutier, l'armée de Charette a finalement repris Machecoul.
Alors
que
le
conseil
supérieur
de
Châtillon
administre
le
pays
conquis,
la
troupe
des
Vendéens
devenue
la
grande
armée
catholique
et
royale
se
donne
Catherine
comme généralissime.
Tout semble alors permis aux insurgés.
Les Vendéens auraient pu marcher sur Paris, mais les chefs tergiversent.
Ils hésitent à emmener loin de leur village des paysans qu'ils savent ne pouvoir tenir sous les armes plus de deux ou trois jours.
Après la prise de Saumur en effet, la grande armée se désagrège : l'époque des travaux agricoles approche. Ce sera le drame permanent de cette armée temporaire.
L'attaque
de
Nantes
le
29
juin
1793
par
les
Vendéens
constitue
un
tournant
dans
l'histoire
de
l'insurrection.
Après
s'être
emparée
d'Angers,
l'armée
vendéenne
marche
sur la ville avec l'espoir de recevoir, grâce à son port, l'aide de l'Angleterre.
L'armée
de
Charrette
vient
renforcer
les
divisions
de
Cathelineau,
de
d'Elbée
et
de
Bonchamps.
En face, le général républicain Canclaux dispose d'une force de 12.000 hommes.
Sa
résistance
énergique
et
la
mort
de
Cathelineau
débande
les
troupes
des
insurgés
qui
se retirent.
Pendant
l'été,
les
troupes
républicaines
de
Westerman
reconquièrent
Bressuire
et
Châtillon.
Saumur, Angers, Ancenis sont réoccupées elles aussi.
Les
Vendéens
toutefois
sont
victorieux
à
Vihiers
le
10
Juillet
et
aux
Pont-de-Cé
deux
jours après.
Dans la plaine, l'armée vendéenne échoue à deux reprises devant Luçon.
Malgré les succès de septembre sous le commandement du nouveau généralissime d'Elbée, l'automne apparaît lourd de menaces.
En effet, le Gouvernement envoie 18.000 hommes de la garnison de Mayence qui vient de capituler.
Partis
de
Nantes,
les
Mayençais
commandés
par
Kléber,
expulsent
Charette
du
Pays
de
Retz,
envahissent
le
bocage,
reprennent
Montaigu
et
Clisson
dans
le
but
d'acculer les insurgés à la Sèvre.
Cependant, les Vendéens se ressaisissent et le 19 septembre 1793, les Républicains sont défaits à Torfou mais également à Saint-Fulgent et à Coron.
La Convention donne alors à ses troupes l'ordre de vaincre à tout prix avant le 20 Octobre.
De leur côté, les chefs vendéens s'opposent sur la conduite à tenir, à l'exception de Charette, ils décident finalement d'attaquer Cholet le 17 Octobre à l'aube.
La bataille de Cholet qui entraîne la destruction quasi complète de la ville est la plus importante des Guerres de Vendée.
Plus de 60.000 adversaires s'opposent au nord de la ville.
Lescure et d'Elbée sont gravement blessés.
Bonchamps évacué mourant à Saint-Florent-le-Vieil, dans un geste de pardon, fait libérer 5.000 prisonniers.
La
grande
armée
catholique
et
royale
fuit
vers
la
Loire,
entraînant
les
populations
du
Haut
Bocage et des Mauges.
Alors,
commence
ce
que
l'Histoire
appelle
"la
Virée
de
Galerne"
du
nom
d'un
vent
de
Norois
qui
souffle
dans
le
pays.
Plus
de
80.000
combattants,
femmes
et
enfants
réussissent à franchir le fleuve à Saint-Florent-le-Vieil.
Charette,
lui,
est
resté
dans
son
marais,
persuadé
que
le
combat
outre
Loire
est
une
erreur
stratégique.
Henri
de
La
Rochejacquelein,
troisième
généralissime
de
la
grande
armée
catholique
et
royale,
décide
de
se
diriger
à
travers
l'Anjou
et
le
Maine
vers
Granville
pour
attendre
le
secours des Anglais.
Plusieurs
victoires
jalonnent
cette
route,
à
Entrammes,
à
Château-Gontier
où
est
blessé
le
général
républicain
Beaupuy,
à
Laval
où
les
insurgés
de
Vendée
font
leur
jonction
avec
les
Chouans du Maine amenés par Jean Cottereau et ceux du Morbihan par Cadoudal.
Lescure succombe à ses blessures le 4 novembre peu avant Fougères.
Les
troupes
du
Prince
de
Talmont
enlèvent
cependant
la
ville,
puis
Dol-de-Bretagne,
mais
les Vendéens échouent devant Granville le 14 novembre.
Le retour de la grande armée vendéenne est alors une longue suite de combats meurtriers par Fougères, Laval, la Flèche.
C'est une troupe épuisée qui met le siège sans succès devant Angers le 3 Décembre.
Les Vendéens se replient sur la Mans où, après avoir investi la ville, ils sont surpris par les troupes de Westerman, de Marceau et de Kléber.
On estime qu'ils furent environ 15.000 à périr au cours des combats.
Les rescapés se dirigent vers Ancenis, pourchassés, encerclés par les troupes républicaines, ils se font massacrer à Savenay.
Nous sommes le 23 décembre 1793. La Virée de Galerne est achevée.
Sur les 80.000 Vendéens qui, en octobre, avaient franchi la Loire, 5.000 seulement rentreront dans leur pays.
La
Convention,
reprenant
un
plan
de
destruction
proposé
par
Barère,
décide
de
parachever
l'anéantissement
du
pays
insurgé
par
l'incendie
des
maisons
et
des
récoltes
et
l'extermination des habitants.
Imaginées
par
la
Général
Turreau,
les
colonnes
infernales
détruisent
tout
sur
leur
passage.
Le
Château
du
Puy-du-Fou,
comme
la
plupart
des
propriétés
du
bocage
vendéen,
est
brûlé
en 1794.
Ces
colonnes
infernales
sèment
la
terreur
et
commettent
des
atrocités,
dont
une
des
plus
honteuses est sans doute le massacre des enfants des Lucs-sur-Boulogne.
Attisée par la haine la résistance continue.
La
Rochejaquelein
remporte
plusieurs
succès
éphémères
dans
les
Mauges
et
périt
dans
une escarmouche près de Nuaillé.
D'Elbée est fusillé à Noirmoutier.
De
son
côté,
après
avoir
repris
l'île
au
nom
du
roi
dans
l'hypothèse
d'un
débarquement
anglais,
Charrette
et
sa
troupe
sont
poursuivis
par
le
général
Haxo
qui
trouve
la
mort
le
20
mars aux Clouzeaux.
En avril 1794, Marigny, un des chefs vendéens accusé par ses pairs d'avoir favorisé la défaite de Chaudron-en-Mauges, est fusillé après un simulacre de jugement.
A Belleville-sur-Vie, Charette mène une guérilla permanente contre les colonnes républicaines.
La mésentente, puis la rupture avec Stofflet, ne favorise pas le développement de la rébellion.
La chute de Robespierre, l'impossibilité d'anéantir totalement la révolte par les armes, conduit la Convention à entamer des négociations avec Charette.
Celles-ci aboutissent au traité de La Jaunaye, aux portes de Nantes, qui est signé en février 1795.
Les Vendéens obtiennent :
- la liberté religieuse,
- l'amnistie pour tous ceux qui font acte de soumission,
- la restitution des biens confisqués,
- la suppression de la conscription,
- le paiement des bons signés par l'armée catholique et royale.
Ils reconnaissent se soumettre aux lois de la République.
Pour célébrer cette réconciliation, Charette, Sapinaud et leurs troupes défilent aux côtés de Canclaux dans la ville de Nantes en liesse.
Stofflet
paraphe
le
2
mai
à
Saint-Florent-le-Vieil
le
traité
de
paix.
Parallèlement,
le
général
Canclaux
entame
près
de
Rennes,
à
la
Habillais,
des
pourparlers
avec
les
chefs chouans de Normandie et de Bretagne.
Mais
la
mort
de
Louis
XVII,
le
8
juin
1795,
la
promesse
du
Comte
d'Artois
et
des
Anglais
de
débarquer
des
troupes
en
Vendée,
l'agitation
des
campagnes
née
de
la
misère,
la
pression
des
chefs
chouans,
l'application
restrictive
des
traités,
en
particulier
en ce qui concerne les prêtres, relancent l'insurrection.
Stofflet
et
Charrette
reprennent
les
armes
avec
l'espoir
d'être
bientôt
commandés
par
un prince de la maison de France.
C'est à Quiberon que débarquent finalement les émigrés en juillet 1795.
Ils
pensent
que
la
Vendée
est
à
bout
de
forces
et
qu'en
Bretagne,
la
grande
armée
des
Chouans favorisera la réussite de leur entreprise.
L'habileté
tactique
de
Hoche,
les
erreurs
accumulées
par
les
chefs
des
émigrés,
donne
la victoire aux républicains.
Charette,
qui
tient
encore
sous
les
armes
une
nombreuse
troupe
appelle
de
tous
ses
vœux le débarquement du Comte d'Artois.
Celui-ci s'est installé à l'Ile d'Yeu le 2 octobre, mais repart bientôt en Angleterre.
Les Vendéens sont désormais seuls face au destin.
Hoche parvient à surprendre Stofflet qui est fusillé à Angers.
Après
une
fuite
éperdue
en
compagnie
de
quelques
fidèles,
Charette
est
capturé
par
le
Général
Travot
dans
les
bois
de
la
Chabotterie
et
fusillé
à
Nantes
le
29
mars
1796.
Hoche rentre à Paris en triomphateur.
Son nom sera associé à la pacification de la Vendée.
Les successeurs de Stofflet, d'Autichamp et de Suzannet résistent encore quelque temps.
La guérilla des chouans du Maine et de Normandie se poursuit également pendant plusieurs mois, mais pour la Vendée, la lutte est achevée.
La Grande Guerre de Vendée a fait, selon les estimations 200.000 à 300.000 morts parmi les insurgés et laisse un pays ruiné.
Des troubles renaissent en 1799 et pendant les cent jours.
En 1832, la Duchesse de Berry tente de soulever à nouveau le pays contre le régime du roi citoyen.
En vain...
La Vendée sort enfin des quarante années les plus cruelles de son histoire.
Deux siècles après, les traces de ses événements sont encore présents dans les mémoires.