Malgré l'allégresse des fêtes de Noël, nous vivions souvent les derniers jours de l'année dans une certaine mélancolie. Ces journées sombres, sans soleil, nous rendaient tristes. L'approche du Nouvel An n'allait-elle pas, en effet, nous rappeler une autre étape de notre vie ? Au gui, l'an neuf ! Cette plante venue des profondes forêts de chênes et que les druides coupaient religieusement. Cette plante, à laquelle ils attachaient quelques vertus mystérieuses. Avait-elle le pouvoir d'apporter le bonheur désiré au cours de la nouvelle année ? Comme le voulait la coutume, la veille on allait, avec autant de cérémonie décorer la pièce principale de la maison. C'est là, au cours de la nuit de la Saint-Sylvestre qu'on attendrait les douze coups de minuit à sonner. Et jusqu'au matin, les veillées prolongées marqueraient le passage d'une année à l'autre. Je me souviens… dans tous les foyers, on s'empressait d'offrir les vœux à tous ceux qui vivaient sous le même toit. Les enfants, levés très tôt ne perdaient pas de temps. C'est à qui aurait souhaité la bonne année le premier. On leur avait appris à réciter la formule traditionnelle.... "Bonne Année, Bonne Santé ! Le paradis à la fin de vos jours !". Une grande sincérité se manifestait peut-être dans le mot à mot de certains petits enfants, mais les plus malicieux trouvaient leur plaisir à en modifier la fin. Ils savaient, que de toute façon, ils recevraient des étrennes, un sou ou quelques friandises ! Les heures des repas étaient très perturbées, car on voisinait beaucoup ce jour-là. Les femmes, heureuses de se rencontrer, prolongeaient leurs conversations en offrant la "petite goutte" ou la tasse de café. Je revois encore ces allées et venues… On allait faire la tournée de tous les oncles et cousins. On n'hésitait pas à faire plusieurs kilomètres à pied pour aller voir la famille. Les hommes rentraient tard à la fin de la soirée après avoir discuté longuement dans les caves des voisins. Le lendemain, on reprenait le travail sans attendre les bonnes promesses de la veille. Jacques Maupillier (Garde)