Le
Grand
Carrousel
offre
à
ses
visiteurs
de
beaux
jardins,
propices
à
la
promenade et à la rêverie.
D'ailleurs,
depuis
la
nuit
des
temps,
les
hommes
aiment
flâner
dans
ces
lieux
de
paix et de fécondité qui leur rappellent le paradis
DE L'EDEN À POMPÉI
...
Avant la chute, l'Eden était un lieu de plaisirs, enchanté par la musique de l'eau.
Adam
et
Eve
y
vivaient
en
harmonie
avec
les
animaux
les
plus
féroces,
au
sein
d'une nature luxuriante.
Les premiers jardins dessinés semblent apparaître en Perse, vers 3000 av. J.-C.
Les
Egyptiens,
eux
aussi,
à
la
même
époque,
entretiennent
de
petits
terrains
qui
offrent,
certes,
une
retraite
agréable,
mais
aussi
de
la
vigne,
des
fruits,
des
légumes...
Il faut se nourrir.
Les
jardins
les
plus
célèbres
de
l'Antiquité
sont,
sans
doute,
ceux
de
Babylone ...
Attribués
à
la
légendaire
reine
Sémiramis,
ils
furent
en
fait,
aménagés
sur
les
ordres de Nabuchodonosor II (627- 562 av J.-C.), au 5ème siècle av. J.-C.
L'historien
Flavius
Josèphe
(037-100)
raconte
que
le
roi
ordonna
leur
édification
pour
adoucir
la
nostalgie
dont
souffrait
son
épouse
perse,
Amytis,
qui regrettait les montagnes et les collines boisées de son pays.
Plantés
de
grands
arbres,
ces
jardins
semblaient
"suspendus"
car
ils
étaient
installés sur des terrasses étagées, portées par des voûtes colossales.
Considérés
comme
l'une
des
"Sept
Merveilles
du
monde,
ils
représentaient
l'idéal du jardin paradisiaque ; le luxe, symbole du pouvoir et de la richesse.
Après
les
conquêtes
d'Alexandre
le
Grand
(356-323
Av
J.-C.),
au
4e
siècle
av.
J.-
C, les Grecs s'inspirent des jardins d'agrément orientaux.
Ils
créent
surtout
des
espaces
où
l'on
se
promène
et
l'on
"philosophe,
comme
Epicure, parmi les sculptures, les fontaines et les fleurs.
Les
Romains,
à
leur
tour,
furent
séduits
par
ces
lieux
de
fraîcheur
qu'ils
intègrent dans leurs demeures.
Nichés
dans
l'atrium,
où
l'on
recueillait
les
eaux
de
pluie,
ou
à
l'arrière
de
la
maison, les jardins sont ornés de fontaines, de bassins, de portiques ...
LE JARDIN MÉDIÉVAL
.
Dans les jardins islamiques de l'Espagne mauresque, l'eau, symbole de vie et de pureté est partout, courante ou jaillissante.
La
géométrie
rectangulaire
est
rigoureuse,
adoucie
par
des
plantations
d'arbres, de buissons touffus et de parterres de roses.
L'Occident
chrétien
aime
les
jardins
clos,
propices
à
l'intimité,
voire
au
secret, s'ils sont religieux.
Ils
sont
à
l'image
du
paradis
terrestre,
divisés
en
quatre
parties
correspondant aux quatre éléments : l'eau, l'air, le feu, la terre ...
Ces jardins sollicitent toujours les cinq sens.
Le bruissement de l'eau des fontaines, le chant des oiseaux enchantent l'ouïe.
Les yeux admirent les plantes dont les teintes varient au gré des saisons.
L'odorat apprécie le parfum des lilas, des violettes, du jasmin ...
Les
fraises,
les
framboises,
le
cassis,
la
rhubarbe
flattent
le
goût
et
le
toucher
est
sensible à toutes les textures ; velouté, rugosité, douceur, piquant...
Si
les
jardins
médiévaux
sont
sources
de
plaisirs,
ils
remplissent
aussi
d'autres
fonctions.
Soigner avec les "simples", herbes médicinales.
Nourrir avec les choux, les bettes, les laitues, les chicorées, les cressons.
Sans
oublier
qu'il
faut
aussi
fleurir
les
autels
de
lys,
de
roses,
d'iris,
d'ancolies
ou ... de choux frisés ...
Un
jardin
un
peu
particulier
marque
l'histoire
du
Moyen
Age,
celui
du
cloître
des monastères.
Protégé
du
monde
extérieur,
entouré
de
quatre
galeries,
il
est
constitué
par
un
petit pré, divisé en parterres carrés.
C'est
un
"jardin
secret",
porteur
d'un
puissant
symbolisme
religieux,
qui
participe à la vie spirituelle du monastère.
Les
moines
s'y
reposent,
méditent,
y
retrouvent
le
souvenir
du
jardin
d'Eden
et
la préfiguration du paradis céleste.
Les
campagnes
d'Italie
de
Charles
VIII,
Louis
XII,
François
1er,
vont
bouleverser
l'architecture
en
France,
mais
aussi
la
conception
des
jardins
qui
vont se métamorphoser.
Finies les pelouses fleuries, les tonnelles, les charmilles ...
Partout
on
ne
voit
plus
que
parterres
symétriques,
sol
recouvert
de
gravier,
arbustes, terrasses, escaliers ...
Les jardins deviennent des coins de nature maîtrisée.
Grâce aux buis, aux ifs, essences pérennes, leur forme reste stable, alors que le jardin médiéval variait au rythme des saisons.
JARDIN A LA FRANÇAISE
Si le Moyen Âge aime les espaces clos, propices à l'intimité et au secret...
Si
la
Renaissance
entrouvre
des
portes
sur
l'horizon,
le
XVIIe
siècle
classique
libère totalement l'espace.
Parterres
géométriques
bordés
d'allées
et
décorés
de
topiaires
(arbres
taillés
en
pyramides,
en
cônes,
en
sphères,
en
formes
humaines
ou
animales),
de
bassins, de fontaines, de statues.
Le
jardin
"à
la
française"
est
un
lieu
de
promenade,
une
extension
de
l'architecture.
Les
grandes
perspectives,
les
parterres
aux
formes
géométriques
doivent
s'harmoniser avec les grandes lignes du bâtiment.
Les
jardins
de
Versailles,
référence
des
jardins
à
la
française,
furent
arrachés
à
une
terre
hostile
de
par
la
volonté
du
tout-puissant
Louis
XIV
et
grâce
au
souci constant du "roi des jardiniers", de complaire à son maître.
D'un
marécage,
André
Le
Nôtre
a
fait
un
enchantement,
un
lieu
de
divertissement
raffiné
et
varié
où
la
cour
vit,
s'amuse
...
tout
autant
qu'à
l'intérieur du château.
LE JARDIN PAYSAGER.
Les
gentilshommes
campagnards,
dès
la
fin
du
XVIIIe
siècle,
embellissent
leurs
demeures
d'aménagements
paysagers
où
l'aspect
naturel
du
site
est
complété de "décors".
Ainsi,
de
la
demeure,
on
peut
découvrir
des
hameaux,
des
coteaux,
des
bosquets, des lacs, reliés par de petits sentiers sinueux.
L'eau est toujours présente, elle se coule entre des rochers, sous des ponts.
Des
ruines
(fausses),
des
tombeaux
(vides)
créent
une
atmosphère
propice
à
la mélancolie, à la méditation, au recueillement.
C'est le triomphe du "Romantisme".
Dès
le
début
du
XIXème
siècle,
le
jardin
n'est
plus
le
privilège
de
quelques
fortunés, il se démocratise grâce aux parcs et aux jardins publics.
Mais,
peu
importe
l'origine
du
jardin,
il
a
toujours
le
même
but
;
être
un
lieu
de
retraite
où
l'on
peut
échapper
aux
tensions
de
la
vie
quotidienne
et
renouer la relation avec la nature.